Véronique Gaillard est directrice du service des vacances adaptées aux EEDF de Caen et administratrice du CNLTA depuis plus de 20 ans. Une femme passionnée et engagée depuis toujours pour l’inclusion et l’accès aux vacances pour tous !
Qui êtes-vous ?
Je m’appelle Véronique Gaillard, directrice d’un service de vacances adaptées des Eclaireuses Eclaireurs de France (EEDF ou les Eclés), et cela depuis 1992. Je suis notamment représentante des Eclés au CNLTA, élue au CA et au Bureau depuis plus de 20 ans.
Comment avez-vous découvert le secteur des vacances adaptées ?
J’ai découvert le monde des vacances adaptées en réalisant un premier séjour comme animatrice aux EEDF lorsque j’avais 18 ans et depuis je n’ai pas quitté cette planète. A l’école ou en colo, j’ai rarement côtoyé ce public et je m’étais promis de pouvoir travailler auprès d’eux pour apporter ma pierre à leurs parcours, et agir pour l’inclusion à notre société. Je pense avoir été très vite convaincue d’injustices et il me semblait nécessaire d’agir avec eux pour qu’ils puissent vivre des temps comme tout le monde, que ce soit pour le logement, le travail ou le loisir. Ma voie professionnelle s’est engagée dans le loisir éducatif et le tourisme social. Ce public est fantastique. Il te rappelle à tout moment la simplicité de la vie, même si parfois il nous met dans des situations complexes. Il nous oblige à la patience, dans ce monde qui va de plus en plus vite.
Comment êtes-vous arrivée au CNLTA ?
Mes fonctions professionnelles m’ont très vite amené à participer aux travaux du CNLTA. A l’époque, ce « Conseil National » était en construction, c’était le tout début. Les Eclés ont très vite fait le choix du collectif pour faire valoir la place des vacances adaptées. Il faut se rappeler qu’en 1992 nous n’étions pas nombreux à assurer cette mission d’intérêt public: permettre à des personnes en situation de handicap de sortir des murs des institutions et si possible de construire leur temps de vacances dans les lieux de tourisme comme chacun. Avec d’autres associations, nous avons milité pour une vraie reconnaissance de notre secteur et avons fait le choix de miser sur la qualité, la formation, pour assumer notre différence face à de nouvelles structures qui arrivaient sur le marché, dans une éthique que nous ne partagions pas toujours. Dans le même temps, les professionnels du médico-social et de la psychiatrie ont aussi connu des fortes transformations. Permettre le départ en vacances n’était pas ou plus une priorité. Nous avons dès le début voulu faire association avec les représentants d’usagers comme partie prenante des volontés que nous défendons. Aujourd’hui, il y a aussi les vacanciers eux-mêmes. C’est une très bonne chose ! Mais pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt??
Quels MOTS symbolisent pour vous les vacances adaptées ? Quelles sont les richesses des vacances adaptées ?
- Ouverture
- Faire société
- Patience
Voici les 3 mots qui symboliseraient, pour moi, à ce jour, ce monde des vacances adaptées. Je pourrais en ajouter 2 autres : rencontres et humilité (même après tant d’années, j’en apprends encore tous les jours!). Les richesses de ce secteur sont nombreuses mais si je dois en choisir une… je prioriserai le fait qu’il permet d’accompagner la jeunesse que nous recrutons pour accompagner les vacanciers à mieux comprendre les enjeux de société et si possible de permettre des changements de regard et de pratiques. Rien n’est encore gagné ! Cela ne va pas de soi. Donc si en encadrant un séjour de vacances adaptées, on permet à des animateurs de mieux reconnaitre les différences pour un mieux « vivre ensemble« , c’est une richesse. Et si on permet en plus à certains de s’engager, à plus de responsabilités, voire trouver une voie professionnelle, alors là c’est « bonus »… d’autant plus si nous avons permis à des personnes en situation de handicap de vivre un chouette moment, si possible construit avec eux, car ce sont LEURS vacances !
Pour vous, que reste-t-il à améliorer, à faire évoluer pour un égal accès aux vacances pour les personnes en situation de handicap ?
Je pourrais être longue sur le sujet… mais je mettrais 2 priorités :
- le financement et la simplification administrative car c’est une grande difficulté sociale; beaucoup de personnes ne peuvent plus se permettre de partir en vacances, les coûts sont de plus en plus importants. Mais la quadrature est difficile à tenir quand X normes viennent surajouter des coûts et du stress; il faudrait une vraie reconnaissance du surcoût et qui serait directement versé aux organismes agréés.
- Dynamiser le recrutement et un niveau d’engagement des équipes de séjour. Sans équipe, on ne peut pas grand chose… Le Covid est venu renforcer une tendance et nous allons mettre beaucoup de temps à trouver les formules permettant un nouvel engouement à venir découvrir les vacances adaptées, puis prolonger l’action, en créant de nouvelles formules de vacances. Si les conditions financières sont un enjeu, ce n’est à mon sens et à ce jour pas le seul remède devant la situation. Il faut une vraie reconnaissance de l’engagement des équipes (financière, études, parcours, diplômes …).
Merci Véro pour cette participation !